Le port du voile cristallise bien des tensions en France. D'autant qu'il s'est réellement répandu chez les jeunes musulmanes. S'il est difficile de chiffrer le phénomène, les spécialistes s'accordent sur sa montée en puissance ces vingt dernières années. Tandis que les générations précédentes ont lutté pour pouvoir le retirer, certaines filles d'aujourd'hui, qu'elles soient enfants d'immigrées ou converties à l'islam, prônent un retour au religieux et à l'affirmation publique de leur foi. Le port du voile, qui concernait des cas isolés il y a vingt ans, revêt désormais une dimension politique, idéologique et culturelle. « Au milieu des années 2000, on a vu se répandre le port du simple foulard et du voile intégral en France », affirme Raphaël Liogier, auteur du Mythe de l’islamisation (1). 

"Le religieux, une manière de se distinguer"

Le port du voile « s’est développé d’une manière très différente de celle que l'on a pu observer dans le monde traditionnel musulman : on assiste à une revendication des jeunes filles pour ce qu’elles sont, d’une façon moderne. On a un retour vers la foi, une sorte de revival. Elles cherchent à retrouver leurs racines ; elles ont le sentiment que leurs parents ont délaissé leur religion et se sont soumis à la culture du pays d'accueil. » Le port du voile, que le sociologue compare à certains mouvements de jeunesse comme « le punk des années 1990 », se justifie presque de manière philosophique : « Le religieux, c’est une manière de se distinguer par la performance, de faire des choses difficiles justement parce qu’elles sont difficiles. » Cette rigueur que les jeunes filles s'imposent, au prix parfois d'un rejet, leur paraît gratifiante. 

Il n’y aucune ambiguïté à propos du voile dans le Coran. C’est une obligation divine. Sabrina, 31 ans

Dans l’ouvrage de Faïza Zerouala Des voix derrière le voile (2), Sabrina, 31 ans, explique le choix qu'elle a fait il y a trois ans : « Il n’y aucune ambiguïté à propos du voile dans le Coran. C’est une obligation divine. Il nous est prescrit de préserver notre pudeur. Chez la femme, cela passe par le fait de se couvrir la tête et de ne dévoiler que son visage et ses mains. » Elle ajoute, comme pour contrer les accusations de machisme : « On l’oublie, mais l’homme aussi a des obligations en ce sens. Il doit cacher son torse et porter des vêtements décents. »

Cette rhétorique religieuse, que les filles voilées avancent constamment, fait pourtant l'objet de débats, même chez les penseurs musulmans. Pour l'imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, « il y a un conflit sur la perception de ce vêtement. Le concept de voile islamique me gêne. Il n’y a pas d’habit islamique, ni pour les hommes ni pour les femmes. Certains musulmans exagèrent cette pratique et la juge essentielle, alors qu’il n’y a pas de fondement univoque dans les textes. » L'imam voit dans le port du voile une sorte de « mode ». « C’est une pratique devenue tendance. Le voile est devenu un objet cosmétique, esthétique. On le met de manière à attirer, pour séduire. On le détourne de son sens premier : celui de traduire une pudeur. » 

Un fossé intergénérationnel

Inquiètes, des féministes québecoises ont décidé de faire du 10 juillet une « journée sans voile » pour envoyer un signal et porter la lutte sur la place publique. Cette année, le collectif Femmes sans voile d'Aubervilliers, qui considère le voile comme la « marque d’une inégalité sexiste et imposée par le patriarcat », a rejoint le mouvement. Nadia Ben Missi, membre de l’association, rappelle « qu’il n’est ni une exigence ni une obligation religieuse. Elles disent qu'elles l'ont choisi, qu'elles sont libres. Elles le justifient par l’islam et la culture qui y est associée, sans réaliser que c'est en fait une interprétation radicale de l’islam. Ce n'est pas la seule façon d'être musulmane. Or ces femmes vont jusqu’à considérer les autres comme des mécréantes. »

Il n’y a pas d’habit islamique, ni pour les hommes ni pour les femmes. Tareq Oubrou, ​imam de Bordeaux

Nadia Ben Missi a commencé par observer et a vu le phénomène s'étendre. Elle dénonce « un travail de prosélytisme important. J’enseigne dans un collège et mes élèves se voilent. Difficile de savoir si cela relève de leur initiative. Elles disent que c’est sacré ». Un dialogue de sourds s'est installé. Car une incompréhension profonde sépare les Femmes sans voile des jeunes femmes nouvellement voilées, selon Raphaël Liogier. « Ces musulmans qui ont le sentiment de s’être libérés du voile ne comprennent pas l'autre mouvement, celui qui reviendrait vers quelque chose d'imposé aux yeux des premiers. C’est une génération de musulmans traumatisée par l’imposition du port du foulard dans leur culture » qui a soudain décidé de s'associer à une lutte jusqu'à présent conduite, au nom de la laïcité, par les institutions.

(1) Le Mythe de l'islamisation. Essai sur une obsession collective, de Raphaël Liogier, Éd. du Seuil, 212 p., 16 €.

(2) Des voix derrière le voile, de Faïza Zerouala, Éd. Premier Parallèle, 258 p., 5,99 €.

 

CONCLUSION

 

Bref !!!

Comme on peut le voir, c'est extrêmement simple  !!!! Appliquons là loi et rien que la loi mais certains pensent que la loi est exclusivement coranique...

Ah !!! Si les représentants d'autres religions pouvaient avoir la même liberté d'expression dans ces pays à 100% respectant la loi coranique !!!

On peut bien rêver, non ?

Bien à vous.

PGR